Une belle journée est annoncée, nous partons à pied jusqu'au sanctuaire shintoiste de Fushimi Inari, dédié au dieux des récoltes dont le message renard s'est substitué à son image. Il est surtout connu pour son immense alignement de toriis rouges qui grimpent jusqu'en haut de la colline. Sur le chemin de petits autels en pierre sont protégés par des statuettes de renards, portant souvent un bavoir rouge autour du cou.


L'endroit est très touristique et la rue qui y mène est saturée de boutiques de goodies renard et de stands de nourriture. Le début du parcours est envahi par les groupes prenant des photos à chaque mètre mais la foule s'éclaircit au fur et à mesure de la montée. Les toriis sont particulièrement photogéniques, notamment leur face gravée de caractères, et je ne résiste pas à la tentation de prendre des photos.


Arrivés presque au sommet, nous bifurquons trop vite et la chemin nous emmène jusqu'à un point de vue sur Kyoto puis redescend vers la ville. Nous marchons jusqu'au pied du chemin qui monte au Kiyomizu-dera, sanctuaire bouddhiste très fréquenté situé en haut d'une colline. Nous achetons au passage un repas à emporter au Lawson et continuons de monter jusqu'au temple sans voir d'endroit où s'assoir pour déjeuner. La ruelle n'est pas très agréable car elle est envahie de touristes et de boutiques de souvenirs. Les femmes qui se promènent en yukata sont principalement des chinoises qui ont loué un ensemble à la journée, dans le but de poser ou de prendre des selfies un peu partout.


Nous tentons de nous asseoir sur des marches et sommes chassés par la gérante du restaurant d'à côté qui nous indique un endroit plus approprié. Nous déjeunons donc sur des bancs près d'un parking et de distributeurs de boisson, au milieu d'autres touristes qui mangent des glaces.


Après le repas le soleil tape dur, il fait chaud et le parvis du temple est toujours envahi de touristes chinois. Nous renonçons à cette visite peu engageante (d'autant plus que certains bâtiments sont en restauration) pour gagner de petites ruelles, charmantes bien que très fréquentées, alignant des boutiques plus traditionnelles. Après quelques tâtonnements, je réserve un horaire pour une cérémonie du thé et nous repartons nous balader en attendant. Le temple que nous voulions visiter est fermé, nous allons voir celui d'à côté, immense complexe qui renferme une jolie pagode où des cigarettes ont été mises à brûler comme des bâtons d'encens !


Nous faisons un arrêt dans un parc puis je vais assister à la cérémonie du thé pendant que Guillaume m'attend assis à l'ombre dans une petite rue transversale. Je me joins à un petit groupe de sympathiques singapouriens, et nous montons dans la pièce à l'étage pour prendre place sur les tatamis. Keiko, notre hôtesse, vêtue d'un beau kimono nous donne en anglais toutes les informations nécessaires pour mieux comprendre la codes et les significations des différents gestes.


La cérémonie commence et nous regardons, ébahis, la précision de ses gestes, extrêmement contrôlés dans un enchaînement précis et gracieux. Laver le bol et nettoyer les instruments, prendre deux cuillères de thé matcha, verser l'eau chaude grâce à une louche en bambou, battre le mélange avec un joli fouet en bambou puis servir le thé recouvert d'une délicate mousse émeraude, tout est réalisé en respectant les principes du zen. L'ensemble s'apparente à une sorte de "méditation active" nous explique Keiko. C'est maintenant à notre tour de préparer notre breuvage, que nous dégustons après avoir savouré une délicate sucrerie au Yuzu. Ne pas mélanger les saveurs permet de se concentre pleinement sur chaque étape.


Après ce merveilleux moment hors du temps et relaxant, nous admirons une dernière fois la calligraphie murale et la composition florale d'ikebana. Sur le rouleau est écrit la devise favorite de Keiko "avoir le coeur et l'esprit vide", c'est à dire être apaisé car débarrassé de sentiments tourmentés et de désirs inutiles. Cet état permet d'apprécier pleinement l'instant présent, sans penser ni au passé ni à l'avenir.


Je ressors de la maison de thé très enthousiaste, et le ciel qui s'embrase au coucher du soleil ne fait que renforcer ma joie d'être au Japon. Nous passons au magasin de laque pour acheter des bentos, avant de repartir en marchant le long de la rivière jusqu'au restaurant de ramen que nous avions repéré. Notre attente est récompensée quand arrive devant nous un énorme bol fumant couvert de tranches de porc fondantes, au bouillon délicieux.


Après ce repas généreux nous rentrons à l'auberge pour notre dernière nuit à Kyoto !