Nous avions prévu ce matin de nous lever un peu plus tard que d'habitude, pour récupérer un peu des émotions de la veille, mais des prières de moines au mégaphone dès 5 heures du matin suivies de concerts de xylophone ont eu raison de notre sommeil... Plus tard nous apprendrons qu'il s'agit de la cérémonie d'un enterrement non loin d'ici, heureusement sur la fin car les prières durent plus d'une semaine !


Nous prenons un gargantuesque petit déjeuner-buffet sur la terrasse qui surplombe la rivière Siem Reap, avant de prendre le tuk-tuk pour nous rendre au site archéologique d'Angkor, à une dizaine de kilomètres de la ville. Premier arrêt pour acheter le précieux sésame, 72$ pour sept jours de visite. Nous n'avons que quatre jours pour visiter mais cette option est la plus avantageuse..


Angkor, "capitale" en khmère, a régné en maître pendant près de 500 ans, du IXeme au XIIIeme siècle. Ses rois de religion hindoue puis bouddhiste, parfois même les deux en même temps, ont marqué leur pouvoir en construisant des temples immenses et des palais richement décorés. Statues, bas reliefs, frontons ouvragés ornaient les sanctuaires, remplis d'or et de pierres précieuses. Abandonnée par ses dirigeants la cité a progressivement été engloutie dans la jungle bien que certains temples n'aient jamais cessé d'être fréquentés. La cité est "re-découverte" au XVIeme siècle par un roi cambodgien qui décide d'y transférer une partie de sa cour et certains édifices ont commencé à être restauré. Il faut attendre le 19 siècle pour que les premiers occidentaux viennent admirer de leurs propres yeux la mythique cité perdue dans la jungle. Viendront ensuite les phases de restauration à grande échelle sous le protectorat français notamment, puis les années sombres des khmères rouges et des pillages. Heureusement, si bien des trésors ont été volés, la cité n'a pas été détruite par le gouvernement de Pol Pot, qui lui vouait un certain respect en tant que symbole d'un empire khmère glorieux.


Actuellement Angkor est classée patrimoine mondial de l'Unesco, et de vastes projets de restauration ont eu lieu et sont encore en cours, menés pour chaque édifice majeur par un pays différent en collaboration avec le gouvernement cambodgien. Le site est immense et il subsiste actuellement plus de 200 temples, éparpillés dans la jungle et la forêt.


Nous reprenons le tuk-tuk et commençons le Grand Tour, Noémie et Simon qui visitent à moto nous rejoindrons en cours de route.


Voici les temples que nous avons successivement découverts...


Pré Rup. Temple montagne vertigineux, aux multiples tours en symétrie centrale. Dernier temple érigé en brique, rappelant les édifices d'Ayutthaya, l'ancienne capitale du Siam construite bien après Angkor.


Mebon oriental. En brique également. Remarquables linteaux sculptés représentant les divinités hindoues. Indra, Shiva et Skanda installés sur des animaux au milieu des volutes et des fleurs de pierres. On note un surprenant Ganesh chevauchant sa trompe devenue monture. Des statues d'éléphants montent la garde aux coins du plateau inférieur.


Ta Som. Un coup de coeur. Notre premier temple de grès, dont les portes d'enceinte sont surmontées d'une tour à quatre visage. Murs recouverts de bas reliefs d'apsaras, ces délicates danseuses royales au statut quasi divin. La deuxième tour est emprisonnée dans les racines d'un énorme banian. Spectaculaire vision du temple mangé par les arbres.


Neak Pean. On y accède par une passerelle au dessus d'un lac artificiel. De grandes silhouettes d'arbres décharnés se découpent sur le ciel pommellé de nuages blancs. Dans le sanctuaire les tours se dressent au milieu de bassins entourés d'escaliers. Impressionnantes sculptures d'animaux fantastiques.


Kroi Ko. Modeste temple, abîmé par le temps. Il nous sert de refuge le temps d'une pluie orageuse qui ne semble jamais finir. Nous repartons en sautant au dessus des flaques.


Preah Khan. Notre ultime étape de la journée. Un véritable labyrinthe correspondant à une antique ville de 50 hectares entourée de douves. Nous arrivons en explorateurs dans l'allée déserte et rafraîchie par la pluie. Sur les côtés du pont les sculptures représentent la célèbre scène du Barratage de la mer de lait, où dieux et démons ont tiré chacun à l'opposé sur des nagas (serpents géants) faisant ainsi tourner la Mont Meru dans la mer de lait. Celle ci s'est transformée en nectar d'immortalité et des éclaboussures sont nées les apsaras.


Dans la cour intérieur d'immenses fromagers enserrent le toit des galeries, insinuant leurs racines dans la pierre. L'ensemble du sanctuaire est sculptés de bas reliefs, et les portes sont gardées par des statues décapitées mais toujours bien debouts. Un stupa marque le centre du temple. Un couple de mariés pose parmi les pierres. Nous restons jusqu'à la fermeture, explorant inlassablement galeries et recoins. Des enfants nous donnent des fruits âpres qu'ils cueillent dans les arbres. Magnifique lumière du soir sur le grès gris...


Nous repartons pleins de souvenirs immuables, fatigués mais ravis de cette première journée d'exploration. Nous avons visité des temples tous différents et variés, relativement peu fréquentés et nous avons hâte d'en découvrir d'autres demain !


Nous dînons dans un restaurant chic tenu par un franco-cambodgien puis allons ensuite nous coucher en prévision des nouvelles découvertes à venir...