Ce matin nous prenons le train pour Kamakura, ville côtière réputée pour ses temples. Nous arrivons après une heure de trajet et retrouvons Oka-san, le père de Sayuri une collègue de la mère de Guillaume. C'est lui qui sera notre guide pour ces deux jours.


Nous commençons par prendre un joli petit train local qui nous dépose à la station Hase près de l'auberge de jeunesse que nous avons réservée. Elle est située non loin de la mer et sur la route on trouve des inscriptions indiquant les directions d'évacuation en cas de tsunami... Nous reprenons le train en sens inverse et faisons un tour dans les petites rues de la ville. Il est temps de trouver un restaurant pour le déjeuner ! Oka-san opte pour un joli petit restaurant, spécialisé en panures. Nous dégustons de délicieux poissons à la chapelure dorée et croustillante, accompagnés d'un bon thé vert.


Et puis, au détour d'une conversation, Oka-san nous raconte son histoire. Il est originaire de l'île de Kyushu, et à l'âge de 11 ans ses parents ont fui leur ville qui était la cible des bombardements américains pour se réfugier près de Nagasaki. Et peu de temps après, il a été témoin de l'explosion de la bombe atomique sur la ville. Il nous décrit la lumière, la chaleur, le bruit et le souffle de l'explosion. Et la jeune fille qui vivait avec eux, partie à la recherche de sa famille. Elle n'est jamais revenue.


Nous discutons longuement de cette tragédie, avant de reprendre la route pour visiter les temples de la ville.

Le premier est un sanctuaire shintoiste, où se trouvait un énorme ginkgo malheureusement abattu par une tempête. Il est très fréquenté, notamment au nouvel an où affluent des milliers de tokyoïtes.


Le second temple est bouddhiste zen, un des plus anciens de la ville. Beaucoup plus sobre, en bois sombre, il porte les armoiries du clan qui a financé sa construction. Le jardin compte plusieurs vénérables cyprès vieux de près de 500 ans. Dans le bâtiment principal on trouve un plafond décoré d'un gigantesque dragon ainsi qu'une statue de bouddha ascèse, n'ayant que la peau sur les os. Plus loin se trouve une impressionnante porte de style chinois, décorée de dorures. Et, bien caché à l'arrière d'un autre bâtiment, se trouve un magnifique jardin zen avec la forêt en perspective.


Nous reprenons la marche pour arriver au troisième temple, dans le même style que le précédent. Le seigneur à l'origine de sa construction est décédé très jeune, et sa veuve est devenue célèbre car elle y accueillait les femmes en difficulté, qui pouvaient ainsi échapper à leur mari violent. Il abrite une cloche ancienne, et dans ses jardins nous rencontrons un joli écureuil très joueur ainsi qu'un énorme chat tigré qui se laisse câliner. Même l'employé passant par là vient le caresser !


Nous revenons dans la ville de Kamakura, et faisons une pause bien méritée dans un joli café près de la gare. Je commande une glace pilée arrosée de sirop au thé matcha et garnie d'azuki (haricots rouges sucrés) et de mochi (boulettes à base de farine de riz gluant) ainsi que d'une boule de glace au matcha. Un délice !


Pour le dîner Oka-san nous emmène dans son izakaya préféré. Typiquement japonais, il s'agit d'un restaurant spécialisé en alcools, servant les accompagnements assortis. J'opte pour un saké qui m'est servi dans un verre que la patronne fait largement déborder dans la boîte carrée qui lui sert de socle. Nous dégustons une salade de wakame, du tofu frit d'excellente qualité, des beignets de légumes et du poisson pané. Tout est vraiment délicieux, et l'expérience est très agréable et chaleureuse. Ici il n'y a que des habitués, et nous sommes chanceux d'avoir eu l'occasion de découvrir les izakaya !


Nous rentrons en train jusqu'à l'auberge de jeunesse, après avoir donné rendez vous le lendemain matin à Oka-san pour de nouvelles aventures !