Nous partons tranquillement ce matin pour le Koya-san, une colline sacrée qui abrite le mausolée du moine Kukai (nommé Kobo Daishi après sa mort), fondateur du bouddhisme ésotérique. Ce dernier est plus proche de la branche tibétaine et cohabite au Japon avec le bouddhisme zen. On y trouve un grand nombre de temples dont certains, les shukubo, accueillent les visiteurs pour la nuit. Nous arrivons vers 14 heures après deux trains, un spectaculaire funiculaire et un bus. Nous voilà devant le magnifique bâtiment du Rengejo-in où nous avons réservé une nuit. Nous déposons, un peu impressionnés, nos bagages dans une pièce où trône une énorme orchidée et dont les cloisons sont peintes de grues blanches.


Nous ressortons car la chambre n'est pas encore prête. Il pleut et tout est noyé dans la brume, donnant à la forêt une ambiance mystérieuse. Heureusement qu'on nous a prêté des parapluies ! Nous allons faire un tour au complexe de Garan où l'on trouve une immense pagode rouge et d'autres édifices. Les aiguilles à trois branches (au lieu des deux habituelles) d'un pin qui y pousse sont très recherchées comme porte bonheur. Après une investigation attentive, en pataugeant dans les flaques, je finis par dénicher mon aiguille triple ! Nous marchons encore un peu vers deux autres portes puis rentrons dans notre temple-maison.


Un moine nous conduit à notre chambre en passant devant un magnifique jardin. Après plusieurs couloirs, il ouvre une première porte coulissante et nous laissons nos chaussons dans cette entrée pour ouvrir une autre porte coulissante derrière laquelle se trouve une magnifique et spacieuse chambre décorée de peintures sur cloisons et de rouleaux calligraphiés. Des futons sont déjà installés sur les tatamis, il y a une table basse où nous attendent thé vert et gâteaux. Mais ce n'est pas fini ! Le moine relève le store qui dévoile une superbe vue sur le jardin. Nous avons une petite véranda privée avec deux chaises en osier et un lavabo. C'est vraiment extraordinaire !


Il est 17 heures 30, une séance de méditation va bientôt commencer et les hôtes sont conviés. Nous nous rendons dans la salle de prière, à l'atmosphère feutrée aux couleurs de vieil or, où siègent les statues de bouddha devant lesquels les moines se prosternent en arrivant. Après quelques chants le silence se fait et nous essayons de vider notre esprit, de nous concentrer sur le moment présent. Les odeurs d'encens embaument la pièce. Une fois la séance finie nous ressortons et allons admirer le jardin sec juste en face.


Le dîner est servi, nous prenons place sur les tatamis dans une pièce aux paravents de pins et d'oiseaux sur fond d'or. De somptueux plateaux sont dressés devant nous. La grande cuisine bouddhiste, appellée shojin-ryori, n'utilise aucun produit d'origine animale et compose toute une nuance de petits plats, tous plus raffinés les uns que les autres. Le tofu crémeux au sésame est particulièrement délicieux et le dessert est décoré d'une jolie feuille d'érable. Dommage que le groupe à côté soit trop bruyant mais cela ne nous empêche pas de savourer.


Après cet excellent dîner nous regagnons notre chambre et ne tardons pas à ressortir pour aller aux bains, dans le style japonais avec une pièce différente pour les hommes et les femmes. Après nous être délassé dans l'eau chaude nous enfilons un yukata bleu et blanc et allons nous coucher de bonne heure.