Première journée d'excursion, nous achetons un pass de bus pour trois jours. Direction Kamikochi, point de départ de randonnées dans une vallée à 1500 mètres d'altitude, entourée des plus hauts sommets des Alpes japonaises. Pour nous y rendre nous prenons un train d'une compagnie locale puis un bus. Dans ce dernier, un grand-père randonneur engage la conversation avec Guillaume jusqu'à l'arrivée tandis que de mon côté je finis la nuit trop courte à mon goût...


Aujourd'hui nous allons nous lancer à la conquête du Mont Yakedake, haut de 2455 mètres. Ce volcan toujours actif émet des fumerolles soufrées qui s'élèvent dans les airs depuis ses flancs. Nous commençons par un chemin dans la forêt, avec des grandes marches de racines et de terre à gravir et de véritables échelles en métal à escalader. Nous croisons des randonneurs suréquipés, avec une clochette tintant à leur sac. Un grand-père nous suit de près, nous dépassant parfois pendant les pauses, et nous laissant passer lorsque nous nous remettons en route. Nous allons faire toute la randonnée avec lui !


Nous faisons une pause pour le déjeuner, la vue dégagée porte sur les montagnes alentours, et nous sommes entourés de fumerolles. Après toutes les villes que nous avons visitées c'est un vrai plaisir de retrouver la nature, et nous sommes très heureux de pouvoir admirer ces magnifiques paysages.


Nous attendons le volcan proprement dit, en grimpant dans un pierrier, alignant les pas l'un après l'autre jusqu'au sommet ! Au total la montée à durée 3 heures et demies. Nous ne nous attardons guère, juste le temps de prendre quelques photos car l'odeur de souffre est trop désagréable. Dommage car le vue est vraiment époustouflante, donnant sur la chaîne de montagnes, la vallée et un petit lac azur sur l'autre versant. Un randonneur japonais a tout de même le temps de nous nommer les différents pics et de nous montrer des déjections d'ours sur le sol. C'est vrai que nous avons vu avant le départ des panneaux signalant que nous nous trouvons sur le territoire de petits ours noirs, le dernier ayant été vu il y a une quinzaine de jours.


Nous entamons la descente, les pierres roulent sous nos pieds. Tout est bien indiqué par des signes peints sur la roche. Et puis au détour d'un virage Guillaume, devant moi, me fait des signes. Il y a un ours en train de traverser le chemin ! Il n'est qu'à une dizaine de mètres de lui, et passe se réfugier dans les buissons. Je m'approche, ébahie, et nous avons la chance de le voir pendant plusieurs minutes. Il est tout petit et tout noir, une vraie peluche mais son attaque peut être redoutable ! Les clochettes que portent les randonneurs servent en fait à éloigner les ours, comme nous l'apprendrons plus tard.


Après les tapis malais en trek, les dauphins en croisière je complète ma liste d'animaux sauvages par un ours en randonnée ! Quelle chance ! Nous reprenons la marche lorsqu'il est bien éloigné de nous. La descente est longue et laborieuse pour les genoux et nouz arrivons en bas après 2 heures 30 de marche. Notre bus est à 18 heures, Guillaume a le temps de se baigner dans la rivière glacée, face au mont Yakedake. Nous prenons le Kappa Bridge pour traverser, et prenons de photos de ce symbole des Alpes japonaises, avec les montagnes en arrière plan et l'eau limpide et bleue au première plan.


Nous rentrons bien fatigués, je suis achevée par l'effort nécessaire pour rentrer de la gare en montant la côte à vélo... Nous cuisinons des nouilles sautées ce soir et commençons une grande discussion avec Jankie qui, contrairement à toutes les apparences, a un diplôme de médecin généraliste et est au Japon pour une thèse de génétique. La discussion s'enflamme sur les paradoxes de la société japonaise et sur les difficultés qu'il rencontre dans la vie de tous les jours. On comprend que le choc des cultures a dû être rude entre sa manière de vivre, spontanée et expansive, et la société japonaise bien rangée et pétrie de règles.


Il est plus de minuit, il est temps d'aller au lit en méditant sur cette grande question: pourquoi les japonais ne font-ils jamais rien à moitié ?